Des capacités olfactives du porc à l’enrichissement de son milieu

Les substances aromatiques contenues dans les aliments et les boissons du régime alimentaire maternel peuvent atteindre le fœtus par le biais du liquide amniotique et la circulation sanguine placentaire. Les fœtus sont ainsi capables de percevoir, mémoriser et associer ces signaux chimiosensoriels aux états émotionnels de la mère en leur attribuant une valence positive ou négative. Chez le porc, l’exposition à une odeur durant la vie fœtale influence les préférences olfactives pour ce même stimulus après la naissance. Elle favorise également la prise alimentaire, la croissance et réduit les comportements sociaux délétères lors du rappel de l’odeur au moment du sevrage. Coupler une odeur gestationnelle à un renforcement positif pour les mères pourrait ainsi permettre d’optimiser les bénéfices transgénérationnels observés sur la progéniture, et notamment sur l’atténuation du stress associé au sevrage et, de manière plus générale, sur le bien-être à long terme des animaux en élevage conventionnel. En effet, l’élevage conventionnel est souvent caractérisé par des environnements pauvres et monotones, offrant peu de stimulations sensorielles. Cela engendre de l’ennui et de la frustration qui ont des conséquences délétères sur le bien-être des animaux et de leur progéniture.

Développement d’une stratégie d’enrichissement prénatal à base d’odeurs

Actuellement, peu d’études se sont intéressées à l’impact d’un apprentissage olfactif prénatal positif sur les réponses socio-émotionnelles et cognitives de la progéniture lors du rappel de l’odeur, ainsi qu‘aux mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent le traitement hédonique de cette odeur. Ce projet de thèse a donc pour objectif de produire des connaissances sur l’efficacité d’un enrichissement olfactif prénatal pour améliorer le bien-être des truies et de leurs porcelets, et d’identifier les mécanismes cérébraux sous-jacents.
Pour cela, nous utiliserons deux dispositifs d’expérimentation animale qui viseront à exposer des truies gestantes à une odeur dans un contexte positif, et à évaluer les effets du rappel de cette odeur sur les réponses comportementales et cérébrales de leur progéniture. Le premier dispositif expérimental consistera à exposer les truies à l’odeur lors d’un accès régulier à une « salle de récréation » disposant d’enrichissements variés, comme des bacs de tourbe et paille pour fouir, des brosses de grattage, des cordes et sacs de jute odorisés pour la mastication, la diffusion de musique, la diffusion aérienne de l’odeur, et des récompenses sucrées odorisées. Le deuxième dispositif consistera à exposer les truies à l’odeur directement dans leur loge de vie en leur offrant quotidiennement des sucres odorisés associés à des contacts positifs avec l’expérimentateur. L’effet de l’apprentissage prénatal olfactif positif sera ensuite évalué chez leurs porcelets par le biais de divers tests comportementaux et d’imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf).

Emmanuelle Briard travaille sur ce sujet de thèse depuis décembre 2023 pour 3 ans dans l’équipe Bienetre de l’UMR Pegase. Elle est encadrée par Céline Tallet et Caroline Clouard.

Contact

Emmanuelle Briard (doctorante) : emmanuelle.briard[at]inrae.fr
Céline Tallet (Directrice de thèse) : céline.tallet[at]inrae.fr
Caroline Clouard (Co-directrice de thèse) : caroline.clouard[at]inrae.fr