Stéroïdes ovariens et dynamique cellulaire et moléculaire de la glande mammaire bovine

Mise en évidence de l’effet négatif des sécrétions ovariennes sur la persistance de la lactation chez la vache laitière.

La maîtrise de la production laitière est un enjeu majeur en élevage laitier, qui nécessite de comprendre les mécanismes physiologiques impliqués au niveau de la glande mammaire. Les sécrétions ovariennes, en particulier l’œstradiol diminueraient la production laitière au cours de la lactation en favorisant l’apoptose des cellules mammaires et en augmentant le remodelage tissulaire dans la glande.  La réceptivité des cellules épithéliales mammaires à l’œstradiol augmenterait au cours de la lactation et ce stéroïde induirait puis accélèrerait l’apoptose des cellules.

Focus stéroide 1

Mécanismes physiologiques de la glande mammaire

La quantité de lait produit par la mamelle dépend du nombre de cellules épithéliales mammaires (CEM), de leur activité sécrétrice et de leur organisation en alvéoles qui forment le tissu sécréteur. La thèse de Lucile Yart visait à tester l’hypothèse selon laquelle les stéroïdes ovariens, œstradiol et progestérone, altèrent la persistance de la lactation en agissant sur l’organisation du tissu sécréteur, ainsi que sur le nombre et l’activité des CEM, chez la vache laitière. La stratégie expérimentale a combiné des approches in vivo, sur des vaches laitières ovariectomisées au pic de lactation, et in vitro, sur une lignée de CEM bovine. Des vaches ovariectomisées et leurs témoins (vaches cycliques non gestantes) ont été suivies pendant 14 mois de lactation. La production laitière journalière a été enregistrée et des prélèvements de tissu mammaire ont été effectués à différents stades de lactation.

Un effet négatif des sécrétions ovariennes, sur la persistance de la lactation chez la vache laitière

Les vaches ovariectomisées présentent, à partir de 6 mois de lactation, une amélioration de la persistance de la lactation. L’effet négatif des sécrétions ovariennes sur la production laitière passerait par des augmentations du taux de mort cellulaire et du remodelage tissulaire en fin de lactation conduisant à la perte de CEM et à l’altération de l’intégrité du tissu sécréteur. L’œstradiol agit différemment sur les CEM en fonction de leur degré de sénescence : il induit la mort de 20% de la population cellulaire dans des CEM rendues sénescentes par un traitement chimique (mimant une population de CEM dans une mamelle en fin de lactation) contre seulement 9% dans des CEM dites « actives » (mimant une population de CEM dans une mamelle en milieu de lactation).

Maturation de la mamelle et sensibilisation à l’oestradiol

En conclusion, la baisse de production laitière après le pic de lactation pourrait être en partie liée à une maturation de la mamelle avec l’avancement de la lactation s’accompagnant d’une sensibilisation à l’œstradiol. Les stéroïdes ovariens, en particulier l’œstradiol, accélèreraient les processus de mort cellulaire et le remodelage tissulaire en fin de lactation, et accentueraient la baisse de la production laitière.

Focus stéroides 2

En savoir plus

Yart, L., Dessauge, F., Finot, L., Barbey, S., Marnet, P.-G., Lollivier, V. (2012). Ovariectomy improves lactation persistency in dairy cows. Journal of Dairy Science, 95 (7), 3794-3802. (DOI)
Yart, L., Lollivier, V., Finot, L., Dupont, J., Wiart, S., Boutinaud, M., Marnet, P.-G., Dessauge, F. (2013). Changes in mammary secretory tissue during lactation in ovariectomized dairy cows. Steroids, 78 (10), 973-981. (DOI)
Yart, L. (2012). Rôle des stéroïdes ovariens dans la dynamique cellulaire et moléculaire de la glande mammaire bovine : implications dans la persistance de la lactation (Thèse de doctorat, Agrocampus Ouest, Rennes, FRA).

Contact

Vanessa Lollivier et Frédéric Dessauge de l'équipe Lactation

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 08 novembre 2013 | Rédaction : PEGASE