L’adiposité chez le porc

Un intérêt pour les qualités sensorielles et nutritionnelles des produits et un levier d’action cellulaire pour modifier la composition corporelle.

Comprendre les caractéristiques cellulaires et moléculaires des tissus gras

Chez le porc, les tissus gras, ou tissus adipeux, présentent un intérêt pour la transformation en produits de charcuterie et salaison (gras de couverture) ainsi que pour les qualités sensorielles et nutritionnelles des viandes et produits (gras intramusculaires). Depuis la fin des années 60, les progrès en sélection génétique, nutrition animale et conduite d’élevage ont permis de répondre à la demande croissante pour une viande de qualité sanitaire satisfaisante, maigre et peu chère, mais ils ont conduit à une standardisation de la production et à une altération de la qualité des tissus adipeux (Lebret, 2004).
L’évolution récente du marché des produits carnés marquée par une augmentation croissante des productions sous signes officiels de qualité, y compris pour le porc, renforce l’intérêt d’identifier les leviers d’action qui permettent d’orienter l’adiposité. Il est ainsi indispensable de bien comprendre le fonctionnement et le développement du tissu adipeux (Louveau et al., 2016). Ce tissu représente une source inépuisable de cellules souches capables de se différencier en cellules adipogéniques et myogéniques (Atashi et al., 2015). Ces cellules sont recrutées à partir de diverses populations de cellules souches adultes (ASC). Nous avons émis l’hypothèse que les réponses de ces populations aux changements nutritionnels peuvent différer dans le tissu adipeux en fonction de la génétique de l’animal.

Une variabilité de l’adiposité sensible à la nutrition et à la génétique du porc

L’état des lieux de la variabilité de l’adiposité chez le porc en France indique que les caractéristiques des dépôts adipeux varient selon leur localisation anatomique et que les programmes de sélection porcine reposent aujourd’hui sur la mesure de l’adiposité des carcasses et, dans certains schémas génétiques, de la teneur en lipides intramusculaires par différentes méthodes, notamment d’imagerie (Schwob et al., 2020). Il est  envisagé d’optimiser la répartition des dépôts adipeux au sein de l’animal par la sélection et par différents facteurs d’élevage pour mieux répondre aux diverses attentes des industriels et des consommateurs.
Dans l’étude que nous avons menée pour clarifier les mécanismes cellulaires sous-tendant les variations d’adiposité sous-cutanée et musculaire, nous avons utilisé une stratégie expérimentale combinant génétique et nutrition pour induire des différences marquées dans le dépôt de lipides chez des porcs en croissance (Gondret et al., 2016). En réponse à cette stratégie, les proportions de plusieurs populations d’ASC dans le tissus adipeux sous-cutané et le muscle sont modifiées par le génotype et la nutrition (Perruchot et al., 2020). En particulier, la proportion des cellules qui expriment le récepteur alpha du facteur de croissance dérivé des plaquettes et qui possèdent un fort potentiel adipogénique in vitro, augmente avec l’adiposité sous-cutanée de l’animal.

Décrire la flexibilité cellulaire du tissu gras par une approche sur cellule unique

Nous souhaitons analyser les cellules souches du tissu adipeux par une approche sur cellule unique, Single Cell, afin de déterminer plus finement la sensibilité de chaque type de cellules à des facteurs génétiques ou nutritionnels.

Références bibliographiques

Perruchot MH, Dessauge F, Gondret F, Louveau I., 2020. Response of adult stem cell populations to a high-fat/high-fiber diet in skeletal muscle and adipose tissue of growing pigs divergently selected for feed efficiency. Eur J Nutr. Oct 30. [DOI]
Schwob S, Lebret B, Louveau I, 2020. Adiposité et génétique chez le porc : état des lieux et nouveaux enjeux pour la qualité des produits. INRAE Prod. Anim., 33(1). [DOI]
Gondret F, Vincent A, Houee-Bigot M, Siegel A, Lagarrigue S, Louveau I, Causeur D, 2016. Molecular alterations induced by a high-fat high-fiber diet in porcine adipose tissues: variations  according to the anatomical fat location. BMC Genomics 17, 120.[DOI].
Louveau I, Perruchot MH, Bonnet M, Gondret F., 2016. Invited review: Pre- and postnatal adipose tissue development in farm animals: from stem cells to adipocyte physiology. Animal 10, 1839-1847. [DOI]
Atashi F, Modarressi A, Pepper MS, 2015. The role of reactive oxygen species in mesenchymal stem cell adipogenic and osteogenic differentiation: a review. Stem Cells Dev. 24, 1150-1163. [DOI]
Lebret B., 2004. Conséquences de la rationalisation de la production porcine sur les qualités des viandes. INRA Prod. Anim., 17, 79-91. [Hal]

Date de modification : 06 décembre 2021 | Date de création : 06 décembre 2021 | Rédaction : Pegase