Alimentation de précision chez la vache laitière

Une restriction alimentaire des vaches les moins efficientes améliore leur efficience alimentaire et réduit leurs émissions de méthane.

Faire évoluer les pratiques d’alimentation

La transformation des ressources alimentaires en produit animaux et les émissions associées sont des enjeux forts des impacts environnementaux de l’élevage.
L’étude des consommations résiduelles permet de montrer que certains animaux sont plus efficaces que d’autres dans cette transformation (Faverdin et van Milgen, 2019).

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Le modèle d’ingestion est construit à partir des variables explicatrices de production de lait (énergie du lait), de poids métabolique (poids_vif 0,75) et de variation de poids sur la période. Les vaches ayant un résidu positif (en rouge) sont moins efficientes que celles qui ont un résidu négatif (en bleu) puisque leur ingestion observée est supérieure à ce que le modèle prévoit.

La surconsommation alimentaire est un déterminant potentiel de l’inefficience alimentaire qui pourrait être corrigé simplement par des pratiques d’alimentation en élevage. L’objectif de l’étude était de tester une restriction alimentaire de précision (RAP) comme un levier d’amélioration de l’efficience alimentaire de vaches laitières en lactation.

Vers un accroissement de l’efficience alimentaire

Une période de référence, correspondant en moyenne aux 6 premiers mois de lactation, pendant laquelle 68 vaches laitières ont reçu une ration complète (65% ensilage de maïs, 10 % luzerne déshydratée et 25% aliments concentrés) a permis de classer les vaches suivant leur efficience alimentaire.
Durant cette période d’alimentation à volonté, pour une même production de 30 kg de lait/j, la matière sèche (MS) ingérée moyenne était de 22,7 kg/j pour les 15 vaches les moins efficientes et de 20,1 kg/j pour les 15 vaches les plus efficientes, alors que les émissions de méthane (CH4) étaient respectivement de 502 g/j et 486 g/j. Les 15 vaches les plus inefficientes (effi-) et les 15 vaches les plus efficientes (effi+) ont subi une restriction alimentaire pour leur offrir la quantité d’aliments qu’elles auraient consommé si elles avaient été parmi les 10% les plus efficientes, compte tenu de leurs caractéristiques de format et de production.
La RAP a diminué en moyenne la consommation de MS des vaches effi- de 2,6 kg MS/j alors que cette diminution n’a été que de 0,8 kg/j pour les  vaches effi+.
Les émissions journalières de CH4 ont logiquement chuté de 49 g/j pour les vaches effi- et de 27 g/j pour les vaches effi+.
La RAP n’a pas eu d’effet significatif sur la production laitière, le poids vif et les variations de poids vif.
Cette RAP a resserré les différences entre vaches en termes d’efficience alimentaire, comme le démontre la baisse des écart-types de la MS ingérée, de 0,87 à 0,69 kg MS/j, jusqu’à ne plus avoir de différences significatives d’efficiences entre les effi+ et effi- à l’issue de la RAP.
En conclusion, la restriction alimentaire de précision diminue les écarts d’efficience alimentaire entre les vaches et réduit leurs émissions de méthane sans dégrader leurs niveaux de productions.

Pour réduire l’utilisation d’aliments en compétition avec l’alimentation humaine, et diminuer les émissions de méthane

S’il devient possible d’identifier simplement quelles sont les vaches inefficientes d’un troupeau à l’aide d’indicateurs pertinents, l’application d’une alimentation de précision via la restriction individuelle ciblée des apports d’aliments concentrés par exemple, permettrait de corriger une partie de l’inefficience de ces vaches, de réduire ainsi l’utilisation d’aliments en compétition avec l’alimentation humaine, et de diminuer les émissions de méthane associées à la production laitière.

Références bibliographiques

  • Amélie Fischer, Nadège Edouard, Philippe Faverdin. Precision feed restriction improves feed and milk efficiencies and reduces methane emissions of less efficient lactating Holstein cows without impairing their performance. Journal of Dairy Science, American Dairy Science Association, 2020, 103 (5), pp.4408-4422. ⟨10.3168/jds.2019-17654⟩. ⟨hal-02500406
  • Philippe Faverdin, Jaap van Milgen. Intégrer les changements d’échelle pour améliorer l’efficience des productions animales et réduire les rejets. INRA Productions Animales, Paris: INRA, 2019, 30 (2), pp.305-322. ⟨10.20870/productions-animales.2019.32.2.2499⟩. ⟨hal-02410526

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 11 janvier 2021 | Rédaction : Pegase